Publié le 2 Avr 2021

Parashat Shabbat : 7e jour de Pessah, le miracle de la mer fendue

Au septième jour de la fête de Pessah[1], le peuple d’Israël commémore la traversée de la mer des Joncs, l’un des passages bibliques les plus saisissants.

L’Eternel requiert la participation active de Moïse pour, en scindant la mer en deux, montrer à la face du monde la grandeur de la protection divine :

טז וְאַתָּה הָרֵם אֶת-מַטְּךָ וּנְטֵה אֶת-יָדְךָ עַל-הַיָּם וּבְקָעֵהוּ וְיָבֹאוּ בְנֵי-יִשְׂרָאֵל בְּתוֹךְ הַיָּם בַּיַּבָּשָׁה. (שמות יד: טז).ש 16 Et toi, lève ton sceptre, dirige ta main vers la mer et divise-la ; et les enfants d’Israël entreront au milieu de la mer à pied sec. » (Exode 14 : 16).

L’Eternel enjoint à Moïse de lever son bâton, comme lors du combat qui opposera Israël à Amaleq :

יא וְהָיָה כַּאֲשֶׁר יָרִים מֹשֶׁה יָדוֹ וְגָבַר יִשְׂרָאֵל וְכַאֲשֶׁר יָנִיחַ יָדוֹ וְגָבַר עֲמָלֵק. (שמות יז: יא).ש 11 Or, tant que Moïse tenait son bras levé, Israël l’emportait ; lorsqu’il le laissait fléchir, Amaleq l’emportait (Exode 17 : 11).

ש

ש«(שמות יז: יא) « וְהָיָה כַּאֲשֶׁר יָרִים מֹשֶׁה יָדוֹ וְגָבַר יִשְׂרָאֵל וְגוֹ׳  » וְכִי יָדָיו שֶׁל מֹשֶׁה עוֹשׂוֹת מִלְחָמָה אוֹ

שׁוֹבְרוֹת מִלְחָמָה אֶלָּא לוֹמַר לָךְ כׇּל זְמַן שֶׁהָיוּ יִשְׂרָאֵל מִסְתַּכְּלִין כְּלַפֵּי מַעְלָה וּמְשַׁעְבְּדִין אֶת לִבָּם לַאֲבִיהֶם שֶׁבַּשָּׁמַיִם הָיוּ מִתְגַּבְּרִים וְאִם לָאו הָיוּ נוֹפְלִים. כַּיּוֹצֵא בַּדָּבָר אַתָּה אוֹמֵר: (במדבר כא: ח) « עֲשֵׂה לְךָ שָׂרָף וְשִׂים אוֹתוֹ עַל נֵס וְהָיָה כׇּל הַנָּשׁוּךְ וְרָאָה אוֹתוֹ וָחָי » וְכִי נָחָשׁ מֵמִית אוֹ נָחָשׁ מְחַיֶּה אֶלָּא בִּזְמַן שֶׁיִּשְׂרָאֵל מִסְתַּכְּלִין כְּלַפֵּי מַעְלָה וּמְשַׁעְבְּדִין אֶת לִבָּם לַאֲבִיהֶם שֶׁבַּשָּׁמַיִם הָיוּ מִתְרַפְּאִין וְאִם לָאו הָיוּ נִימּוֹקִים» (משנה ראש השנה ג: ח).ש

 

« Et il advint que lorsque Moïse levait sa main, Israël l’emportait. » (Exode 17 : 11). Etaient-ce les mains de Moïse qui faisaient la guerre ou la cessaient ? Cela pour nous enseigner que chaque fois que les fils d’Israël levaient leur regard vers les hauteurs et qu’ils soumettaient leur cœur à leur Père qui est aux cieux, alors ils avaient le dessus et aucun d’entre eux ne tombait. Ainsi que l’on en déduit à propos du verset : « L’Éternel dit à Moïse : « Fais toi-même un serpent et place-le au haut comme étendard : quiconque aura été mordu, qu’il le regarde et il vivra ! » (Nombres 21 : 8) Est-ce que c’est le serpent qui peut faire mourir ou ressusciter ? Mais lorsque les fils d’Israël dirigeaient leur regard vers les hauteurs et soumettaient leur cœur à leur Père qui est aux cieux, alors ils se rétablissaient, sinon ils dégénéraient. » (Mishna Rosh Hashanah 3 : 8).

Pourquoi la source biblique insiste-t-elle tant sur la participation de l’Homme dans l’accomplissement du miracle ? En quoi l’intervention humaine s’avère-t-elle nécessaire ?

Le miracle a pour dessein d’élever la conscience du Divin en l’Homme. Le terme hébraïque NeSs – נֵס signifiant à la fois miracle et étendard, peut être rapproché de la racine N. S. I (H)- (נ.ס.י.(ה , « mettre à l’épreuve ».

Sommes-nous capables de fendre la mer ? Détenons-nous le pouvoir de réaliser l’impossible ?

Moïse nous enseigne qu’il ne faut jamais désespérer en baissant les bras et comprendre que l’ouverture de la mer est un défi intégré à notre quotidien. Combien de tâches, de rêves et d’initiatives nous paraissent impossibles à accomplir ? ! Il suffit de croire que tout reste dans l’ordre du possible !

ש « חַד בַּי שִׁמְשֵׁי [עֶרֶב שַׁבָּת אֶחָד] חַזְיֵיהּ [רבי חנינא בן דוסא] לִבְרַתֵיהּ [רָאָה אֶת בִּתוֹ] דַּהֱוַות עֲצִיבָא. אֲמַר לַהּ בִּתִּי אַמַּאי עֲצִיבַתְּ? אֲמַרָה לֵיהּ כְּלִי שֶׁל חוֹמֶץ נִתְחַלֵּף לִי בִּכְלִי שֶׁל שֶׁמֶן וְהִדְלַקְתִּי מִמֶּנּוּ אוּר לְשַׁבָּת אֲמַר לַהּ בִּתִּי מַאי אִכְפַּת לִךְ מִי שֶׁאָמַר לַשֶּׁמֶן וְיִדְלוֹק הוּא יֹאמַר לַחוֹמֶץ וְיִדְלוֹק» (תלמוד בבלי, תענית, כה: א). ש

 

« Un soir de Shabbat, Rabbi Hanina ben Dossa vit sa fille triste et lui demanda : « pourquoi es-tu triste ? » Celle-ci lui répondit : « une mesure de vinaigre a été rajoutée à une mesure d’huile et j’ai allumé la lumière de Shabbat avec [sous-entendu : la mèche du Shabbat s’éteindra très bientôt]. » Rabbi ben Dossa répondit à sa fille :  » Que cela ne te soit point une source d’inquiétude ! Celui qui a dit à l’huile d’allumer la mèche dira au vinaigre d’allumer la mèche ! » (Talmud de Babylone, Traité Ta’anit 25 : a).

Le miracle de Rabbi ben Dossa ne repose en aucune manière sur un quelconque pouvoir magique mais sur la faculté de modifier notre perspective de vision sur le monde qui nous entoure. En d’autres termes, ce n’est pas nous qui avons pouvoir d’allumer une mèche avec du vinaigre, mais si notre for intérieur est pur et laisse une place suffisamment spacieuse pour y faire entrer l’Eternel, le Bon, la Morale divine, alors la mèche s’allumera même avec du vinaigre.

La mer ne s’est pas seulement ouverte parce que l’Eternel l’a voulu mais aussi parce que les fils d’Israël ont répondu à l’appel de Moïse levant les mains, par leur foi [אֱמוּנָה, Emounah] (Exode 17 : 12). Le nom de Moïse- MoSheH ne signifie point « sauvé des eaux » comme l’on serait tenté de le penser mais « celui qui sauve des eaux ». Moïse a pu sauver les siens et les convaincre que la mer pouvait s’ouvrir grâce à la vision de sa mère YoKHeVeD et de sa sœur MiRYiaM qui, toutes deux pleine d’espérance, savaient que l’on peut briser la course des étoiles et la puissance du fatalisme.

יב מוֹלִיךְ לִימִין מֹשֶׁה זְרוֹעַ תִּפְאַרְתּוֹ בּוֹקֵעַ מַיִם מִפְּנֵיהֶם לַעֲשׂוֹת לוֹ שֵׁם עוֹלָם. (ישעיהו סג: יב).ש 12 Celui qui, pendant la marche, accompagna la droite de Moïse de son bras glorieux, fendit les eaux à leur approche, se faisant ainsi un renom pour l’éternité (Isaïe 63 : 12).

[1] Parashah du septième jour de Pessah : Exode 13 : 17-15 : 26.

Si vous voulez en savoir plus sur l’enseignement de Haïm Ouizemann venez visiter son site.

Shabbat shalom !

À PROPOS DE L’AUTEUR

Diplômé de l’Institut des Civilisations et Langues Orientales de Paris (INALCO) et certifié de l’Institut Catholique de Paris (ICP) enseigne la Bible (TaNa’Kh), sa langue, son éthique et son histoire. Installé, depuis son Alya en 1989 à Ashkelon, il participe activement au refleurissement d’Erets Israël. Végétarien par conviction morale, Haïm rêve d’une ère nouvelle où les grandes spiritualités pourraient se rencontrer en vue d’instaurer un monde meilleur. Convaincu que le retour du peuple d’Israël en Erets-Israël annonce la restauration de l’idéal de fraternité abrahamique, il encourage le dialogue interreligieux dans le respect de l’autre. 

La Rédaction Le Monde Juif .info | Photo : DR

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