« La Brisure », poème sur la Shoah
Brisure
Invisible.
Regarde le
Kobold
Elevé
Noir
Au dessus des
Univers !
Juste un barbelé brise
Et l’espace et le temps.
Dedans le temps arrêté
Dans l’espace de haine
Où les noms meurent.
Le travail est sans valeur.
Pas de réprouvé,
Pas d‘esclave,
Des néants anéantis,
Des riens.
Seul le hasard règne.
Un numéro gagne,
Quelques heures,
Quelques jours
Encore.
Il n’y eut pas que la nuit,
Le brouillard et le froid,
Il y eut des jours de soleil clair,
Il y eut des nuits pleines d’étoiles
Et pourtant rien ne changeait.
Et pourtant,
Il doit bien exister un monde
Au delà du barbelé
Où mon œil se brise,
Et pourtant
Pour tant de corps ici,
Les corps s’entassent
Encore et encore.
La nuit s’éteint dans les flammes
Au dessus des cheminées.
Et des cendres montent
Avec l’oubli pour sépulture.
Une stèle invisible hurle,
Et me voilà coupable de survivre,
Où sont les mains de mon ami ?
Où seront les mains demain ?
Comment faire naître
De la peur tapie
Prête à bondir,
Une confiance ?
Richard Rossin