Les secrets de la fête de Souccoth : la joie naturelle de la vie
Apres l’élévation extraordinaire de Yom Hakippourim ( Jour de Kippour) qui apparemment représente le sommet d’un long parcours, commencé au mois d’Elloul, nous voici dans l’univers de la Souccah (cabane) à l’ombre des palmes qui parfument cette fête.
Il nous semble qu’il y a un grand décalage entre Yom Hakippourim et Souccoth (fête des cabanes), l’un se trouvant dans le ciel, déconnecté de la matière, sans nourriture, sans sensations terrestres, et l’autre lié à la terre d’Israël, à sa récolte et aux mondes de la nature.
Ces deux fêtes sont espacées de 4 jours, liés aux quatre lettres du mon divin YHVH, comme s’il fallait passer par l’infini pour relier ces deux mondes, ces deux moments du mois de Tichri.
Cet espace à quatre temps, nous le retrouvons aussi dans le passage d’un livre à un autre dans le rouleau de la Thora. En effet, entre le livre de Berechit (la Genèse) et celui de Chemot (les Nombres), l’espace vide entre les deux, laissé volontairement, est de 4 lignes. Cet espace vital permet le lien naturel et nécessaire entre les différents niveaux du développement divin. C’est ainsi que pour passer de « l’esprit de Kippour » à la forme vécue de Souccoth, nous retrouvons ce même espace de 4 jours. Le shehel (l’intellect) et les midot (vertus) sont ainsi intimement liés par cette « colle » divine.
La joie de Souccoth
Le rapport entre le ciel de Kippour et la vie de Souccoth engendre de manière naturelle un sentiment de joie. Néanmoins, celle-ci ne sera ni démesurée ni excessive grâce à l’interphase de ces 4 jours entre les deux étapes (Kippour/Souccoth). Ce sera donc une simha (joie) harmonieuse, que nous offrira cette fête de Souccoth et cet équilibre s’inscrit dans l’ensemble du mois des fêtes de Tichri qui se trouve dans le signe astrologique de la balance, symbole de la stabilité et de l’harmonie.
C’est d’ailleurs par les mesures de la souccah et celles des 4 espèces végétales que commence la halacha (la loi) relatives aux fêtes. Pourquoi donner dès le début de l’année ces mesures ? Ne serait-il pas plus logique d’abord d’expliquer le sens général de cette fête ?
En fait, c’est tout le secret de notre vie juive, pleines de données infinies mais jamais déconnectées des mesures. Notre secret est là : l’union du céleste infini avec le terrestre fini. Le judaïsme n’est pas « une religion » qui se hisse dans les couloirs infinis du ciel mais bien « une religion » où le « grand » ciel va devoir descendre sur terre, vers nous, et s’habiller dans les mesures de la vie terrestre.
Dans le mot Souccath se cache le nom de D-ieu, valeur numérique en guematria de 26 (les deux lettres kaf et vav) mais ces deux lettres sont bel et bien entourées par deux autres lettres sameh et he (au nombre de 4) dont la valeur numérique donne 65, guematria de l’un des noms de D-ieu lorsqu’il s’habille dans les mesures de la vie : ADNY (Adona-i)
La Souccah est donc la fête du parfait mariage entre l’infini et le fini, entre la capacité de quitter le monde matériel ; Kippour, tout en gardant les pieds sur terre et être pleinement dans la vie ; Souccoth.
Yoël Benharrouche – © Le Monde Juif .info | Photo : DR