Publié le 4 Avr 2014

La Jewish Touch des Rolling Stones

10169148_10203794116160485_1731892197_n

Les Stones en Israël. Rien que ça. Dire que je n’étais pas né quand les négociations ont commencé pour faire venir le groupe, officiellement à partir de 1988. Je ne peux pas m’empêcher de sentir dans leur histoire quelque chose de familier… Après tout, british veut aussi dire « homme de l’alliance » en hébreu. La leur débute il y a 50 ans. 

Sa Majesté ne voit pas d’un très bon œil l’arrivée de ces turbulents garçons passionnés de blues. Toujours soucieux de revenir à la source, ils iront même jusqu’à puiser leur nom d’un standard de Muddy Waters, « Rollin’ Stone ». De Chicago à Kingston en passant par le Bronx, aucun autre groupe n’aura créé d’aussi forts liens avec la communauté noire, qui les a adoptés dès leur première tournée américaine. Alors que les Beatles, les chouchous de la reine représentent l’image du gendre idéal à coup de « I want To Hold Your Hand », chacune des apparitions télé des Stones déclenche la fureur des ménagères, qui rêvent en secret que leur mari leur chuchote « Let’s Spend the Night Together »…

Mais le son des Stones est bien plus qu’une pulsion sexuelle mise en musique. Il véhicule un message qui a traversé trois générations sans prendre une ride. Encore une tribu qui dérange. Elle aussi a montré que tradition et modernité ne sont rien l’une sans l’autre. Sans doute le secret de son éternité.

« Satisfaction » fêtera bientôt un demi-siècle, elle est toujours criante de vérité. La société de consommation et les illusions qu’elle engendre dans tous les domaines ont été épinglées par le riff le plus célèbre de l’Histoire, venu en rêve à Keith Richards. Jusqu’aujourd’hui avec le BDS (Boycott Désinvestissement Sanction contre Israël), le scandale les accompagne fidèlement. Quand on aime, on ne compte pas. Eux aussi, comme le peuple juif, ont été chassés de leur terre et ont connu l’exil à la fin des sixties, qui donnera naissance à leur ultime chef-d’œuvre enregistré sur la Côte d’Azur, « Exile On Main Street ».

Chez les Stones, pas de tatouage, de guitares démolies sur scène ou de revendication. On laisse ça aux petits joueurs. Les vagues discos, punk, metal, grunge et techno ont été balayées d’un coup de langue. Malgré les procès, la défonce, les drames, les guerres fratricides, ils ont toujours su reconstruire leur temple rock’n roll pour faire danser des millions de fans de Rio à Shanghai.

Le 4 juin prochain, leur route s’arrêtera sur la terre d’un peuple avec qui ils ont quelques points en commun. Notamment ce goût de la liberté qui laisse deviner que le mur édifié par le BDS n’arrêtera pas le mur du son.

Emmanuel Sebag – © Le Monde Juif .info 

© Photo : DR

Recherche

En continuant à utiliser le site, vous acceptez l’utilisation des cookies. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer