Ukraine : Pour Fabius, le parti antisémite Svoboda n’est pas d’extrême droite
Interrogé mardi par nos confrères de Radio France Inter sur la situation en Ukraine, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a rejeté les accusations portées contre le parti antisémite Svoboda (Liberté), qualifié d’extrême droite, représenté dans le nouveau gouvernement ukrainien.
« Quand on accuse ce gouvernement d’être d’extrême droite, c’est faux », a affirmé M. Fabius. « Il y a trois membres du parti Svoboda qui est un parti plus à droite que les autres, mais l’extrême droite n’est pas au sein du gouvernement », a-t-il ajouté.
Ces propos ont irrité la diplomatie russe qui accuse M. Fabius d’indulgence à l’égard du parti Svoboda.
« Il est connu que l’activité de ce parti a un caractère ouvertement nationaliste. De plus, il soutient des points de vue racistes, antisémites et xénophobes », a déclaré jeudi le ministère russe à ce propos. « Il est incompréhensible de voir avec quelle facilité certains de nos partenaires en Occident adaptent leurs positions pour tirer des avantages géopolitiques immédiats », a-t-il ajouté.
« Nous considérons comme dangereuse une telle érosion de la ligne de principe consistant à condamner toute manifestation de nationalisme, de xénophobie et d’antisémitisme », a-t-il encore écrit.
Dans une interview accordée jeudi à La Voix de la Russie, Viatcheslav Kantor, président du Congrès juif européen (CJE), accuse également le nouveau gouvernement ukrainien de fermer les yeux sur la dangerosité du parti Svoboda.
« Au plus fort des Jeux olympiques de Sotchi, des forces d’extrême droite, totalement nationalistes, je dirais même néonazies, ont fait leur apparition sur le Maïdan. C’est une minorité, peut-être deux mille individus dans toute l’Ukraine. Mais les militants sont armés, très agressifs et le pouvoir en place les laisse faire sous nos yeux. Cet exemple de comportement des autorités et des extrémistes est représentatif de l’Europe dans son ensemble. C’est inadmissible pour n’importe quel pays, qu’il veuille intégrer l’UE ou non. », a-t-il déclaré.
Mardi, le président du Front de Gauche, Jean-Luc Melenchon, a fustigé les chancelleries occidentales de « nier la réalité de ce qui est en train d’avoir lieu en Ukraine ».
« La preuve ? Il y a bel et bien au gouvernement quatre ministres néo-nazis et non des moindres : le vice-Premier ministre, le ministre de la Défense et de la Sécurité nationale, celui des Ressources naturelles et de l’énergie et le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. A quoi l’on peut rajouter le nouveau Procureur général du pays et le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense, lui-même fondateur de Svoboda dont le discours antisémite reste un fondement non masqué de sa culture politique. « , a-t-il écrit sur son site internet.
« Cette façon de nier la réalité de ce qui est en train d’avoir lieu en Ukraine crée des zones d’ombres dont les conséquences pourraient devenir terribles. », a-t-il ajouté.
« En 2012, la Ligue Anti-diffamation (ADL), une des principales organisations juives américaines, a dénoncé l’alliance parlementaire signée par Yulia Tymoshenko avec le parti d’extrême-droite Svoboda. Oubliée ! », a dénoncé M. Melenchon, s’appuyant sur l’article du Monde Juif .info « Ukraine : les liens antisémites et antisionistes de Yulia Timochenko« .
Yohann Taïeb – © Le Monde Juif .info
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