Nazisme : l’Opéra de Munich veut lever le rideau sur son sombre passé
L’Opéra de Munich a annoncé mardi son intention d’effectuer des recherches sur son passé pendant la période nazie et les années d’après-guerre. Les premiers résultats seront présentés en novembre. L’institution munichoise emboîte le pas au prestigieux Orchestre philharmonique de Vienne, qui avait ouvert une enquête sur les heures sombres de son passé.
Les historiens de l’Université de Munich vont éplucher en particulier, les dossiers personnels de trois ex-membres de la direction de l’Opéra: le chef d’orchestre autrichien Clemens Krauss (qui fut interdit d’estrade deux ans après la guerre pour sa collaboration avec les nazis), son ami, le compositeur allemand Richard Strauss, ainsi que le metteur en scène allemand Rudolf Hartmann.
« Le projet, qui a commencé au printemps, doit durer deux ans », a précisé le directeur du Bayerische Staatsoper, l’Autrichien Nikolaus Bachler. Selon lui, il s’agit non seulement de savoir ce qui s’est passé sous le 3e Reich, mais aussi, au-delà, de savoir « qui a continué à travailler sans problème à l’Opéra après 1945 en dépit de ses liens avec les nazis ».
« En novembre seront présentés les premiers résultats de l’équipe de recherche. Ce que je peux déjà dire, c’est qu’il n’y a pas eu de travail forcé, ni d’actions d’épuration de façon généralisée au Bayerische Staatsoper, même si je ne peux exclure des cas isolés », a-t-il ajouté. Toutefois, il n’était pas encore en mesure de dire combien de musiciens de l’opéra avaient été membres du parti nazi NSDAP.
En mars 2013, après un travail de recherche identique, l’Orchestre philharmonique de Vienne avait dû admettre ses sympathies pour le nazisme, avant et après la guerre. Selon les résultats des recherches, la proportion de membres du parti nazi NSDAP au sein de l’orchestre (60 musiciens sur 123 au total) était très supérieure à la moyenne au sein de la population autrichienne.
Sur cette période, six musiciens juifs ont été assassinés et dix déportés vers les camps d’extermination nazis.
Déborah Partouche – © Le Monde Juif .info