Le silence de l’Association française des Victimes du Terrorisme sur l’expo du Jeu de Paume
Par Yohann Taïeb
« A la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis. » – Martin Luther King
Intitulée “Foyer fantôme”, la rétrospective organisée par le Jeu de Paume depuis le 28 mai qui comprend notamment une série récente intitulée “Death” qui “montre les efforts de la société palestinienne pour préserver la présence de ceux qui ont perdu la vie en combattant l’attaquant”, selon le dossier de presse de l’institution culturelle, suscite encore, à ce jour, l’indignation et la colère de la communauté juive de France.
L’exposition met en valeur 68 photos de kamikazes palestiniens, dont les étiquettes indiquent « combattants de la liberté », les qualifiant de « ceux qui ont perdu la vie en luttant contre l’occupation ».
Le président du Crif (Conseil représentatif des organisations juives), Roger Cukierman, avait écrit le 5 juin à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti pour lui demander d’intervenir, jugeant “particulièrement regrettable et inacceptable qu’en plein Paris, cette série fasse ainsi l’apologie du terrorisme”.
Le Directeur des relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, le Dr. Shimon Samuels, a qualifié, quant à lui, cette exposition “d’éloge du terrorisme suicide qui sert une campagne visant à provoquer la violence future”.
Le ministère admet que cette exposition “suscite de nombreuses réactions compréhensibles” et que la “neutralité revendiquée” de l’artiste “peut, en elle-même choquer et donner lieu à de mauvaises interprétations puisqu’elle n’explique pas le contexte des photographies qui n’est pas seulement celui de la perte mais qui est aussi celui du terrorisme”.
Si les institutions, associations de la communauté juive de France et les autorités publiques se sont indignées et exprimées sur cette exposition très controversée, l’Association française des Victimes du Terrorisme n’a pas, à ce jour, fait la moindre déclaration pour dénoncer ce qui est, à l’évidence, une apologie du terrorisme.
Créée en 2009, après la dissolution de l’association SOS Attentats et de l’attentat du Caire, le 22 février 2009, qui avait visé un groupe d’adolescents français et coûté la vie à Cécile Vannier, 17 ans, l’Association française des Victimes du Terrorisme a pour but de porter assistance aux victimes et contribuer à l’abolition du terrorisme, dans le respect des droits de l’Homme et du droit international.
Sur son site internet, l’Association française des Victimes du Terrorisme indique suivre l’instruction judiciaire ouverte à Paris début mai 2003 concernant l’attentat de l’Hôtel Park de Natanyah, qui a coûté la vie à 29 personnes et fait près de 140 blessés. L’attentat, le plus sanglant de la Seconde Intifada, revendiqué par le Hamas.
Une française figurait parmi les victimes, il s’agit de Marianne Lehmann Zaoui, dont la famille a créé une association lui rendant hommage : “Solidarité avec les Victimes du Terrorisme Palestinien à la Mémoire de Marianne Zaoui”. Parmi les blessés se trouvaient également le mari, la fille et le petit-fils âgé de 9 ans de Marianne Zaoui.
Une victime donc de ces terroristes mis à l’honneur par le Musée du Jeu de Paume.
Il est étonnant de constater qu’une association de victimes d’actes terroristes qualifie le Hamas de “mouvement politique palestinien”, écrit noir sur blanc sur leur site, alors que le Hamas est inscrit au niveau international sur la plupart des listes noires des organisations terroristes.
L’absence de réaction de l’Association française des Victimes du Terrorisme est difficilement compréhensible vu l’importante médiatisation de cette polémique.
Il n’est pas encore trop tard pour cette association de réagir pour dénoncer cette apologie du terrorisme, et d’intervenir directement auprès de la direction du musée. C’est en principe, son devoir, sa raison d’être.