Nucléaire : pourquoi faut-il vraiment s’inquiéter du nouveau président iranien
Par Faouzi Ahmed
Le nouveau président iranien, Hassan Rohani, âgé de 64 ans, n’avait au départ que peu de chances d’être en tête de la présidentielle, il a été élu, samedi, avec 50,68% des voix dès le premier tour, bénéficiant de la division du camp conservateur et du retrait du seul autre candidat réformateur, Mohammad Reza Aref.
M. Rohani a été vice-président du Parlement et chef des négociateurs nucléaires entre 2003 et 2005. C’est à cette période qu’il a gagné son surnom de « cheikh diplomate ».
Pour des raisons stratégiques et tactiques propres à l’Iran, en 2003, lors de négociations avec Paris, Londres et Berlin, il avait accepté la suspension de l’enrichissement d’uranium par l’Iran et l’application du protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP), permettant des inspections inopinées des installations nucléaires iraniennes.
Toutefois, à de nombreuses reprises à l’époque, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) s’était plainte de graves entraves dans leurs inspections.
Rohani est un pur produit de la République islamique, c’est un très proche du guide suprême. Il fût un fervent soutien de l’ayatollah Khomeini, et ce, bien avant même la révolution de 1979. Il a été jusqu’à ce jour le représentant du guide Ali Khamenei auprès du Conseil national de sécurité.
Il est également membre de l’Association du clergé combattant, qui réunit les religieux les plus conservateurs. Difficile de faire plus « modéré ».
En 2005, il avait déclaré lors d’une rare interview à Reuters « l’Occident ne pourrait jamais rien offrir à Téhéran qui pourrait le persuader d’abandonner son programme nucléaire ».
Interrogé sur une éventuelle attaque par les États-Unis ou Israël, Rohani avait déclaré : « Si une telle attaque (contre des installations atomiques de l’Iran) se déroule, alors bien sûr, nous riposterons et nous accélérerons définitivement nos activités pour compléter notre cycle de combustible (nucléaire)». Rohani avait également affirmé que la capacité de l’Iran à produire ses propres pièces nucléaires avait fait la République Islamique « invulnérable » à toute attaque car elle pourrait reconstruire en très peu de temps tout ce qui aurait été détruit.
La priorité « géostratégique » pour l’Iran du nouveau président, va être d’accroître son soutien militaire et financier au régime syrien et au Hezbollah pour conserver sa capacité de nuisance et son influence dans la région. Une défaite d’Assad, affaiblirait considérablement le régime iranien militairement et diplomatiquement sur la scène internationale.