Egypte : le « boucher de Louxor » nommé gouverneur par Morsi
Par Samuel Guedj
Catastrophique nouvelle pour le tourisme égyptien: le nouveau gouverneur de Louxor est un ex-dirigeant des Gamaa al-Islamiya, le groupe islamiste armé impliqué dans le massacre, en 1997, de 62 personnes – dont 58 touristes étrangers – dans le temple de la reine Hatshepsout… de Louxor.
La quarantaine, Adel Mohammed al-Khayat fait partie des 17 nouveaux gouverneurs, dont plus d’un tiers d’Islamistes, désignés par le président Morsi, issu des Frères musulmans. Après l’assassinat d’Anouar el-Sadate, en 1981, il avait été arrêté par la police à l’instar de ses camarades de la Gamaa. En 1997, le jour du massacre au temple d’Hatshepsout, il dirigeait une unité de l’organisation dans une autre province.
Quelques années plus tard, en 2003, la Gamaa finit par renoncer à la violence, avant de rejoindre le processus politique après la révolution de janvier 2011, en créant le « Parti de la construction et du développement », dont fait partie Adel Mohammed al-Khayat.
A Louxor, personne n’à oublié son nom et le terrifiant attentat. Sa nomination fait ressurgir le terrible souvenir du massacre du temple d’Hatshepsout, et les conséquences désastreuses sur le tourisme, pourtant vital pour l’économie du pays.
Dans la cité de Thèbes, 70% de la population travaille dans le tourisme. Depuis la chute de Moubarak, le nombre de visiteurs quotidiens de la Vallée des Rois est passé de 10.000 à 800. Avant, les touristes étrangers restaient à Louxor pour plusieurs jours. Aujourd’hui, ils préfèrent prendre un vol direct pour Hourghada, où ils profitent de la plage, loin des tensions politiques, et ne consacrent à Louxor qu’une petite journée.
Interviewé par un journal égyptien, le nouveau gouverneur a assuré que « toutes les formes de tourisme » seraient les bienvenues. Pour leur part, les partisans de Morsi vantent l’efficacité de la Gamaa al-Islamiya dans la lutte contre la criminalité, en hausse ces deux dernières années.
Des promesses qui sonnent pourtant faux pour les anti-Morsi, inquiets de voir le puritanisme mettre en danger les shorts, l’alcool et la mixité jusqu’ici acceptés à Louxor. Au-delà des conséquences désastreuses de cette nomination, le politologue Gamal Sultan y voit « le souci du président égyptien de consolider une coalition politique avec les Islamistes radicaux », à l’approche d’une grande manifestation de l’opposition prévue le 30 juin, date anniversaire de son élection.