Réponse des Pays-Bas au Centre Simon Wiesenthal sur le reportage des jeunes musulmans néerlandais antisémites
Par Serge Dahan
Le 6 mars dernier, lemondejuif.info diffuse une vidéo d’un reportage de la télévision néerlandaise montrant une table ronde d’adultes et d’enfants discutant à propos des Juifs. Les enfants, qui sont des Turcs musulmans, font l’éloge d’Hitler.
Cette vidéo alors attire particulièrement l’attention du président du CRIF, Richard Prasquier, qui déclare : « Ces 5 minutes d’entretien en apprennent sur l’antisémitisme d’aujourd’hui plus que des dissertations. Les dialogues ne sont pas uniquement valables pour les Pays-Bas, mais il est accablant de voir que c’est par une discussion sur Anne Frank, si connue dans ce pays, que les délires antisémites de ces jeunes pour la plupart d’origine turque, commencent. On admire le calme et l’optimisme du formateur, mais on admire moins qu’il se sente obligé de ne pas se confronter directement aux stéréotypes et aux monstrueux mensonges et qu’il cède comme s’il reconnaissait une responsabilité d’Israël (il y a des « Israéliens qui ne sont pas d’accord avec le gouvernement »). Je pense que cette admission partielle est malheureusement reçue comme une justification supplémentaire à la haine ».
Le 11 mars, le Centre Simon Wiesenthal proteste officiellement contre cette vidéo en écrivant une lettre au Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, pour lui demander d’agir vigoureusement contre toutes les formes d’antisémitismes aux Pays-Bas. « Les déclarations sont profondément consternantes, surtout si l’on considère qu’elles ont été faites dans le pays qui était la maison d’Anne Frank. » ajoutant : « c’est encore plus choquant d’entendre, pendant la vidéo, l’affirmation par ces mêmes élèves que leurs sentiments étaient partagés tout autant par les autres adolescents hollandais : « Personne dans notre école n’aime les Juifs. » est-il écrit dans le courrier adressé au Premier ministre néerlandais.
Dans une lettre en date du 19 mars 2013 rendue publique récemment par le Centre Simon Wiesenthal, le Premier ministre néerlandais assure que « le gouvernement néerlandais est entièrement d’accord, ces déclarations sont à la fois choquantes et répréhensibles. Nous prenons des mesures énergiques pour lutter contre les préjugés de ce genre. La lutte contre l’antisémitisme exige une intervention active de la société civile : par les parents, les écoles, les administrations locales et les gens de nos quartiers et nos collectivités. Lorsque des infractions pénales ont été commises, il faut agir au pénal. Ce genre de malveillance réclame des réponses énergiques de la société. »
« Le gouvernement néerlandais a conclu un accord avec le Conseil Central juif hollandais (CJO) et le Centre néerlandais d’Information et de Documentation sur Israël (CIDI) sur les moyens de traiter l’antisémitisme auprès des jeunes. Nous commencerons également des discussions avec l’Association turque sur l’antisémitisme au sein de la communauté turque néerlandaise. Pendant que j’écris, il y a aussi plusieurs enquêtes menées pour approfondir notre compréhension de la nature et l’ampleur de l’antisémitisme aux Pays-Bas » conclut le Premier ministre.
Pour le Dr Manfred Gerstenfeld, expert sur l’antisémitisme, si le gouvernement néerlandais est en effet enfin engagé à agir contre l’antisémitisme hollandais, il devra d’abord enquêter sur les sources et la nature de l’antisémitisme néerlandais dans les moindres détails. Un accent particulier devrait figurer sur la population musulmane, où de nombreuses indications montrent que l’antisémitisme y est le plus largement exprimé, utilisant aussi des expressions plus graves qu’au sein de la population autochtone.
En outre, selon Dr Manfred Gerstenfeld, cette situation doit être considérée dans le contexte de diabolisation extrême d’Israël. Près de 39 % de la population néerlandaise estiment qu’Israël a l’intention d’exterminer les Palestiniens. Ces données ont été dissimulées par les médias néerlandais.