Une première : la Thaïlande commémore les victimes de l’Holocauste.
Par Samuel Guedj – lemondejuif.info
Pour la première fois, la Journée internationale en mémoire des victimes de la Shoah et de la prévention des crimes contre l’humanité a été célébrée à Bangkok. Le ministre Thaïlandais de l’Education envisage d’inclure l’enseignement de la Shoah dans le programme scolaire thaïlandais.
Le Centre de conférences des Nations Unies de Bangkok a fait salle comble. L’ensemble du corps diplomatique thaïlandais, plusieurs délégations diplomatiques étrangères, des personnes âgées des pays du monde entier et un chœur d’enfants de l’école de Pattana Mechai se sont rassemblés le 4 février dernier afin de commémorer la 8ème Journée internationale en mémoire des victimes de la Shoah, créée par l’ONU.
La manifestation annuelle commémore la vie des 11 millions de victimes qui ont péri sous le régime Nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Des millions de personnes jugées indésirables par les Nazis incluant 6 millions de Juifs et 5 millions de ; Tsiganes, de Slaves, de personnes ayant une déficience physique ou mentale, de témoins de Jéhovah, d’homosexuels, de communistes, socialistes, asociaux et autres ennemis politiques.
Le thème du souvenir de cette année a été intitulé « Sauver pendant l’Holocauste, Le Courage de se Soucier » et axé sur la célébration de ces quelques courageux qui ont risqué leur vie pour secourir les victimes des griffes de la mort. Des petites lueurs d’espoir dans une ère sombre et sinistre et qui servent aujourd’hui à enseigner les leçons de l’Holocauste dans le monde actuel.
La date officielle de la journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste de l’ONU est le 27 janvier et a été choisie par les Nations Unies à l’occasion de l’anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau en 1945.
Suite à la déclaration de 2005, l’ONU a exhorté les Etats membres à développer localement des programmes éducatifs afin de transmettre la mémoire de l’Holocauste aux générations futures. L’ONU a déterminé qu’en instillant la prise de conscience des faits historiques, la haine, le racisme, la xénophobie, les crimes contre l’humanité pourraient être évités.
Dix-huit nations seulement dans le monde ont instauré le 27 janvier comme la Journée internationale en mémoire des victimes de la Shoah et de la prévention des crimes contre l’humanité, une journée où ils examinent le passé dans le but d’améliorer l’avenir de leurs sociétés respectives.
L’événement a été organisé conjointement par la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) et l’ambassade d’Israël.
L’ambassadeur d’Israël en Thaïlande, Simon Roded, a exhorté l’humanité à résister à l’injustice, l’intolérance et l’indifférence pour prévenir et mettre fin à des atrocités comme celles qui ont eu lieu au Cambodge et au Rwanda ou celles qui se déroulent en Syrie aujourd’hui.
« Hitler a pu mener à bien ses projets parce que trop de de bonnes personnes ont décidé de tourner la tête, pour détourner leur regard, afin de se distancer de la douleur et la souffrance de leurs voisins» a déclaré l’ambassadeur d’Israël.
Ajoutant « le temps menace la mémoire du monde et qu’il est de la responsabilité de tous d’enseigner les valeurs de la tolérance et d’instruire nos enfants ».
« Nous devons appliquer les leçons universelles de l’Holocauste au monde d’aujourd’hui. Cela signifie que nous devons éduquer nos enfants à comprendre et à accepter les différences, à dénoncer les atrocités et à respecter la dignité humaine ».
Le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, au cours d’un message vidéo diffusé, a célébré la mémoire des héros méconnus qui ont pris de très grands risques pour sauver des vies humaines au risque de perdre leurs propres vies.
« L’ONU a créé des trousses éducatives pour que dans les classes du monde entier cet enseignement permette d’éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise » a-t-il déclaré.
« Sauver pendant l’Holocauste, le Courage de se Soucier » commémore les noms tels que Raoul Wallenberg, un diplomate suédois qui a sauvé 100 000 Juifs hongrois et Chiune Sugihara, un vice-consul japonais, stationné à Kaunas, en Lituanie, de 1939 à 1940. Sugihara a risqué sa carrière, son avenir et sa vie de famille pour sauver la vie de plus de 6 000 Juifs en défiant les ordres de son gouvernement et en délivrant des visas de transit pour les réfugiés.
La petite fille de Chiune Sugihara, Chihiro Sugihara, assistait à la cérémonie comme conférencière, invitée spécialement pour évoquer l’acte désintéressé de son grand-père, qui a permis de secourir un très grand nombre de Juifs sous le régime Nazi.
En 1984, le Mémorial de Yad Vashem, en Israël, a accordé la plus haute distinction d’Israël à Chiune Sugihara, le titre de « Justes parmi les Nations ». On estime que plus de 80 000 descendants doivent leur existence à Sugihara aujourd’hui.
Le rabbin Abraham Cooper, doyen associé du Centre Simon Wiesenthal, est venu spécialement en Thaïlande pour cet évènement. Il a parlé de l’utilisation en toute ignorance de symboles nazis par des écoliers catholiques à Chiang Mai, des t-shirts et des jeans ornés de croix gammées portés par les jeunes au Myanmar nouvellement démocratisée et en Inde où les jeunes hommes d’affaires achètent le livre « Mein Kampf », le fruit, selon eux, « d’un esprit très bien organisé ».