Une hausse de 58% des actes antisémites en 2012.
Par Samuel Guedj – lemondejuif.info
L’assassinat de quatre Juifs par le jeune islamiste radical Mohamed Merah et l’attaque d’un supermarché casher dans la région parisienne ont été suivis de pics de violences antisémites en France, augmentant de 58% en 2012, selon le rapport annuel du Service de protection de la communauté juive (SPCJ).
En 2012, 614 actes antisémites ont été perpétrés contre 389 en 2011, une hausse de 58%, selon le rapport. Ce bilan se décompose en 177 actions antisémites (homicides ou tentatives, violences, dégradations…) et 437 menaces (propos, tracts ou inscriptions).
Pour le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Richard Prasquier « cette forte hausse dégrade l’image de la France, terre de protection des minorités ». « Depuis 13 ans, les actes antisémites ont explosé : des Français, parce que Juifs, doivent être protégés quand ils vont étudier, se rassembler ou prier ».
« Pour certains d’entre eux, les enfants en particulier, entrer dans un magasin, une école ou une rame de métro peut être une source d’angoisse et de traumatisme psychologique durable » poursuit dans un communiqué Richard Prasquier, ajoutant : « cette hausse de l’antisémitisme doit être au cœur du débat politique national ».
2012 a été une année de violences sans précédent contre les Juifs de France ciblés de deux attentats en moins de six mois, déplore le SPCJ dans son rapport qui sera remis mercredi matin au Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Le 19 mars, Mohamed Merah assassine trois enfants et un homme, juifs, devant une école de Toulouse (sud-ouest) et fait un blessé grave. Il est tué par la police quelques jours plus tard. Le 6 octobre, un engin explosif est jeté dans un supermarché casher de Sarcelles, dans la banlieue de Paris.
Loin de susciter une prise de conscience, les attentats de Toulouse et de Sarcelles ont été suivis par une augmentation très marquée des actes antisémites, écrit le SPCJ.
Ainsi, après la tuerie de Toulouse, 90 actes ont été recensés en 10 jours, dont un grand nombre commis en soutien ou au nom de Merah.« Nous sommes révulsés à l’idée que l’ignoble assassin de Toulouse et de Montauban soit désigné comme un héros par certains jeunes avides à l’imiter » a dit Richard Prasquier.
Après l’attaque de Sarcelles, il y a eu 28 actes en 8 jours, dont de nombreux cas de tirs au pistolet à plomb contre des Juifs, selon le SPCJ.
Les années précédentes, les pics de violences antisémites étaient plutôt liés à des développements de l’actualité internationale, notamment au Proche-Orient. Ainsi, 832 actes antisémites ont été enregistrés en 2009, suite à l’intervention défensive militaire israélienne dans la bande de Gaza en décembre 2008.
Toutefois, Richard Prasquier regrette toujours la façon dont ce conflit est représenté ; par une stigmatisation presque systématique d’Israël auquel on refuse les mêmes droits à la sécurité que les autres Etats.
« Cette stigmatisation, qui vient en collusion avec une propagande d’une violence extrême provenant de milieux islamistes, contribue à faire monter contre les Juifs une haine qui n’a plus qu’à se revêtir subrepticement des oripeaux anciens de l’antisémitisme, très facilement recyclables » juge-t-il.