Les hologrammes, une révolution technologique au service du devoir de mémoire.
Un projet scientifique universitaire américain de l’Université de Californie du Sud (USC), en collaboration avec la Fondation de la Shoah de l’USC, fondée par Steven Spielberg en 1994, va dans les années à venir révolutionner l’approche pédagogique du devoir de mémoire.
Ce projet, intitulé « Nouvelles Dimensions en Témoignage », a pour objectif de préserver les voix du passé en conservant les précieux témoignages des survivants de génocide ou d’autres massacres historiques avec les nouvelles technologies de l’imagerie numérique au moyen d’hologrammes.
Cette technologie numérique, qui allie à la fois l’ingénierie, la technologie et la narration, rend possible une conversation avec l’avatar d’un véritable témoin de l’histoire, la récréation des acteurs numériques identiques à leurs homologues humains et le développement d’échanges interactifs.
Les responsables du projet ont commencé, il y a un an et demi, à expérimenter cette technologie sur une douzaine de survivants de la Shoah.
Techniquement, chaque participant a été filmé pendant des heures en 3D, a du s’asseoir dans une structure sphérique de lumières LED et devant un écran vert pendant des heures pendant cinq jours d’affilés, répondre à quelques 500 questions.
Les chercheurs de l’USC concentrent leur travail sur le perfectionnement du logiciel de reconnaissance vocale afin que l’hologramme du participant soit non seulement capable de raconter son histoire, mais aussi de reconnaître les questions et d’y répondre de façon succincte.
A l’heure actuelle, les chercheurs de l’USC n’en sont qu’au stade d’un hologramme en deux dimensions, essentiellement au niveau du visage mais ont bon espoir de pouvoir d’ici un an, d’être en mesure de présenter un hologramme en 3D d’un rescapé de la Shoah.
Pour le rabbin Marvin Hier, directeur du Centre Simon Wiesenthal, qui se consacre à maintenir vivante l’histoire de l’Holocauste, cette technologie arrive juste à temps : « Cette génération touche malheureusement à sa fin… Dans la prochaine décennie, il n’y aura plus aucun survivant vivant où que ce soit dans le monde. ».
Compte-tenu de l’importance des négationnistes comme le président iranien Ahmadinejad iranien, le directeur du CSW déclare « qu’il est indispensable d’enregistrer les témoignages des survivants afin que les générations futures puissent y accéder facilement et s’y identifier… L’Holocauste est bien documenté, et nous avons des aveux de grands criminels de guerre » dit-il. « Mais rien ne vaut le témoin humain qui peut vous regarder dans les yeux et dire: « Regardez, c’est ce qui est arrivé à mon mari. C’est ce qui est arrivé à mes enfants. C’est ce qui est arrivé à mes grands-parents. » ».
Étant donné que chaque participant a plus de 80 ans, ces expériences peuvent s’avérer difficiles physiquement et psychologiquement pour ces rescapés de la Shoah. Pourtant, aucun d’entre eux n’a abandonné en cours de route.
Cette approche technologique pourrait au de-là du devoir de mémoire avoir de multiples usages ou débouchés dans l’enseignement ou le business, à titre d’exemple, on peut citer le cas de la mise en place, en 2012, à titre expérimental, dans les aéroports de Manchester, Londres-Luton et d’Orly, d’hôtes d’accueil tout en hologramme 2D.
Par ailleurs, l’Université de Californie du Sud est réputée pour son école de cinéma, fondée en 1929. Elle a formé quelques-uns des grands noms du cinéma américain : Robert Zemeckis, Ron Howard ou George Lucas. L’USC a collaboré activement avec Hollywood ces dernières années sur des films tels que « Avatar » et « L’Etrange histoire de Benjamin Button » qui a remporté, entre autre, l’Oscar et le BAFTA des meilleurs effets visuels.
Katty Scott – © Le Monde Juif .info
© Photos : DR
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