Publié le 2 Fév 2013

70e anniversaire de la victoire de Stalingrad, le tribut des soldats juifs de l’Armée Rouge.

Ce samedi 1er février, Stalingrad a retrouvé brièvement son nom à l’occasion du 70e anniversaire de la bataille décisive dont elle a été le théâtre pendant la Seconde Guerre mondiale. Le conseil municipal de la ville, rebaptisée Volgograd en 1962, dans le cadre de la « déstalinisation » entreprise par Nikita Krouchtchev a autorisé, en outre, l’affichage de portraits de Joseph Staline pour célébrer son rôle dans la défaite des troupes nazies.

KREIZER

Pour Hitler, la ville de Stalingrad est à la fois un enjeu militaire stratégique et idéologique : En juin 1941, Hitler décide de lancer ses troupes contre l’Union Soviétique afin de stopper l’avancée du Communisme mais aussi, dans le but de s’emparer des puits pétroliers du Caucase. Or, bien que ce soit une défaite à Moscou, la Wehrmacht se lance à l’assaut de Stalingrad (aujourd’hui Volgograd). C’est ainsi que le 28 juin 1942, Hitler, après avoir recomposé ses troupes, donne l’ordre d’une offensive contre Stalingrad.

À l’époque, Stalingrad est la ville industrielle la plus importante d’URSS. Située à un carrefour de voies de communication menant aux réserves pétrolières mais aussi, au reste de l’URSS, elle s’étend sur la rive droite de la Volga, abritant environ 600 000 habitants et pourvue de plusieurs usines, dont l’une fabriquant des chars d’assaut.

Cette fois, les Russes sont prêts à l’assaut et leur supériorité numérique est incontestable, l’Armée rouge comptant plus de 1,7 million d’hommes soit près du double des soldats allemands. Elle possède aussi le double de chars, autant de canons mais beaucoup moins d’avions.

La bataille de Stalingrad est la plus sanglante et la plus coûteuse en vies humaines de toute l’histoire militaire. La Wehrmacht perd 380 000 hommes, tués, blessés et prisonniers, du coté soviétique, on dénombre 487 000 tués et 629 000 blessés.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale plus de 450 000 soldats et officiers juifs combattent dans les rangs de l’Armée Rouge. Ce qui représente, à peu près, à l’époque, un dixième de la population juive de l’URSS. De 160 à 200 000 combattants juifs de l’Armée Rouge, selon les diverses estimations, ne sont jamais revenus de la guerre.

Pour ce qui est du nombre de décorations militaires, les Juifs arrivent en quatrième position parmi les peuples de l’URSS, derrière les Russes, les Ukrainiens et les Biélorusses. Pour le nombre de « Héros de l’Union Soviétique » (150 combattants environ), ils sont cinquième, derrière les Tatars.

Parmi ces « Héros de l’Union Soviétique », le général Yakov Grigorevich Kreizer, seul officier juif à avoir atteint le statut grade de général de l’armée soviétique qui a suivi la grande purge de Staline (1936-39).

Il se distingue pendant la guerre pour son rôle et ses qualités de chef sur le terrain. Il commande ainsi les forces soviétiques dans les batailles de Smolensk, Moscou et Stalingrad.

Ses actions permettent notamment de battre en brèche le mythe de l’invincibilité allemande qui prévaut jusque-là au sein des forces soviétiques. Kreizer se voit propulsé au rang de major-général puis est nommé commandant de l’armée de campagne.

Le 21 Juillet 1941, il reçoit le titre de « Héros de l’Union soviétique » de Staline ; il est le premier Juif à recevoir ce titre pendant la guerre. Durant l’hiver 1942-43, Kreizer joue un rôle-clé dans la bataille de Stalingrad empêchant les forces de la Wehrmacht de soulager la sixième armée allemande piégée.

Egalement impliqué dans la libération de la Crimée, la Biélorussie et la Lituanie, il est blessé à deux reprises pendant la guerre.

Dans la décennie qui suit, sa carrière marque le pas. Peut-être est-ce dû au fait qu’il ait rejoint le Comité juif antifasciste pendant la guerre et qu’en 1953, il ait refusé de signer une lettre de soutien aux défendeurs dans le prétendu complot des médecins juifs.

Nikita Khrouchtchev connaissait Kreizer personnellement depuis la bataille de Stalingrad, et sa nomination au poste de secrétaire du parti coïncide avec la reprise de l’ascension de sa carrière du militaire.

Nommé tout d’abord commandant en chef de l’armée soviétique en Extrême-Orient, il est promu en1962 au grade de général d’armée et rejoint le Soviet suprême de l’URSS, la plus haute instance législative du pays. Peu de temps après, le général Yakov GrigorevichKreizer tombe malade et meurt à l’âge de 64 ans.

Alexander Bernstein | Le Monde Juif .info | Photo : DR

Recherche

En continuant à utiliser le site, vous acceptez l’utilisation des cookies. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer